À la recherche des sœurs Brontë (1)

Il y a quelques années, je me suis amusée à faire les portraits-robots d’Anne, Charlotte et Emily Brontë, à l’aide du programme en ligne gratuit Flash Face. L’exercice s’avère beaucoup plus difficile qu’il n’y parait, même si des descriptions et quelques portraits de chacune des sœurs sont parvenus jusqu’à notre époque pour nous guider dans la reconstitution de leurs visages. Il faut dire que Flash Face demeure limité dans les choix de caractéristiques physiques par rapport aux logiciels professionnels utilisés dans les enquêtes criminelles. Voici tout de même le résultat de mon laborieux travail !

Portraits d’Anne Brontë

Portrait-robot d'Anne Brontë par Louise Sanfaçon. Ultimate Flash Face v0.42b.
Portrait-robot d’Anne Brontë par Louise Sanfaçon. Ultimate Flash Face v0.42b.

Nous savons par quelques témoignages d’époque qu’Anne avait les traits fins, les sourcils arqués et les dents supérieures plus longues et proéminentes (ce qu’on appelle communément des «dents de lapin). Les portraits d’Anne réalisés par Charlotte et Branwell montrent par ailleurs un menton délicat et assez en retrait. Ses cheveux, très clairs en bas âge, sont devenus plus foncés avec le temps. J’ai élaboré le portrait-robot d’Anne à partir de ces caractéristiques. Je voulais lui donner un air sérieux et grave, puisqu’elle semble avoir été la plus philosophe des trois sœurs Brontë. Malheureusement, Flash Face n’offrait pas de modèles d’yeux un peu plus en amande, ce qui aurait mieux convenu pour le portrait Anne, ni de modèles de chevelure naturellement bouclée comme l’étaient ceux de l’auteure d’Agnes Grey.

Portraits de Charlotte Brontë

Portrait-robot de Charlotte Brontë par Louise Sanfaçon. Ultimate Flash Face v0.42b.

Nous savons que Charlotte ne se trouvait pas jolie. Même si elle mesurait moins de 5 pieds, elle avait pourtant un regard particulièrement intense, de même que de beaux cheveux châtains, selon les témoignages de ses contemporains.  Les portraits réalisés de son vivant montre un front haut, un nez assez fort et long, une mâchoire inférieure en avant (sans doute comme celle de sa tante Elizabeth), de même qu’une lèvre supérieure plutôt mince.

J’ai donc travaillé à partir de ces caractéristiques, bien que j’aurais voulu trouver dans Flash Face des yeux un peu plus grands et distancés l’un de l’autre. J’ai aussi voulu donner au portrait-robot de Charlotte un air résolu et déterminé, propre à exprimer son caractère ambitieux.

Portraits d’Emily Brontë

Portrait-robot d’Emily Brontë par Louise Sanfaçon. Ultimate Flash Face v0.42b.

Nous savons par quelques témoignages d’époque qu’Emily était très grande, comme son père Patrick. Ses contemporains mentionnent également qu’elle et Anne se ressemblaient beaucoup. J’ai donc travaillé les portraits-robots d’Anne et d’Emily avec des modèles similaires. Les seuls portraits d’Emily réalisés par Branwell nous la montre avec un regard liquide et rêveur, des paupières un peu tombantes, une bouche comprimée en raison de sa dentition proéminente et un nez pointant bien en avant, comme celui de son père. J’ai par ailleurs réalisé le portrait-robot d’Emily avec un air un peu farouche, propre à exprimer son caractère secret et bouillonnant.

Charlotte, lorsqu’elle rencontra le philosophe et critique littéraire George Henry Lewes (1817-1878) quelques années après la mort de ses sœurs, fut très émue de voir en lui une grande ressemblance avec Emily. Il y a en effet quelque chose dans le regard doux, profond, rêveur et presque candide de Lewes qui rappelle celui que l’on retrouve dans les portraits d’Emily réalisés par Branwell. Charlotte a d’ailleurs écrit qu’Emily pouvait avoir un air aussi doux qu’un enfant, mais en même temps faire preuve d’une volonté et d’une dureté toute masculines.

Portraits d’époque de George Henry Lewes.

Pour connaître les détails de chacun des portraits des membres de la famille Brontë, cliquez sur l’onglet «Portraits» de l’en-tête de ce blogue.

7 commentaires sur « À la recherche des sœurs Brontë (1) »

  1. Cela me fascine! Ton travail, ton acharnement sur ce sujet, ton blog super intéressant!!!

    J’aime tes portraits robots des soeurs Bronté! Je peux dire que tu les as « ressucité » avec ton art. Et aussi, parce qu’ils font que je m’y s’y intéresse davantage. Ces portraits robots amènent ces soeurs extraordinaires (et le terme est bien peu de chose pour parler d’eux), dans notre siècle. Plus encore, ces portraits Robots les amènent si proche de moi que, ils pourraient très bien être mes soeurs à moi, moi même… ?

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    1. Merci Katharina ! Ce n’était pas un exercice facile de faire ces portraits-robots, car cette version gratuite du logiciel Flash Face n’offre qu’un nombre limité de choix pour chaque partie du visage. Mais si je peux ainsi contribuer à susciter la curiosité envers les soeurs Brontë et leurs oeuvres, ça en aura valu la peine !

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  2. J’adore votre Emily. Pourquoi le Landseer était si précis avec ses fiches dentaires et Charlotte pas le cas ? Si vous fermez bien que ses lèvres, elle est la soeur de ‘angelic’ de Branwell.

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    1. Bonjour James,

      Je crois qu’il était valorisé à l’époque d’avoir une dentition blanche et complète, même si les dents n’étaient pas droites (il n’y avait pas encore d’orthodontiste!). Par contre, j’ai lu que Charlotte possédait une mauvaise dentition et qu’elle avait même quelques dents manquantes. Ce qui pourrait expliquer pourquoi l’artiste a fait ces choix quant aux sourires des trois jeunes filles. Le fait de montrer Charlotte la bouche fermée contribue par ailleurs à mettre son regard en évidence, un regard qui possédait la réputation d’être particulièrement beau et intense.

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