Écrits

Juvenilia

par Charlotte, Branwell, Emily et Anne Brontë, 1827-1834

© Brontë Parsonage Museum

Les Juvenilia sont les œuvres de jeunesse écrites par les trois sœurs Brontë, Charlotte, Emily, Anne, et leur frère Branwell. Elles comprennent trois groupes d’œuvres :

1) Tout d’abord, Glass Town (ou la «Confédération de la Ville de verre»), créé en décembre 1827. À l’origine de ce royaume imaginaire se trouvent douze soldats de bois que Patrick Brontë, le père des enfants, a offerts à Branwell au tout début du mois de juin 1826. S’il a également acheté des jouets pour Charlotte, Emily et Anne, ce sont les soldats qui enflamment instantanément l’imagination des enfants, qui choisissent chacun l’un d’eux et lui donnent un nom. Cependant, ce n’est qu’au cours d’une froide journée de décembre 1827 que le monde imaginaire prend vraiment forme, lorsque Charlotte propose que chacun possède et administre «son» île, et que Branwell reprend immédiatement l’idée pour en tirer toutes les potentialités. L’ensemble de la fratrie participent à ces premiers Juvenilia. Ce monde imaginaire atteint rapidement un niveau de complexité étonnant, ayant sa géographie, son gouvernement, son administration, son histoire, et même ses journaux. Ce monde virtuel, par son degré d’élaboration et l’implication des quatre participants, n’est pas sans rappeler certains jeux de rôle, voire un monde virtuel tel que Second Life. Ces aventures sont consignées dans de petits livres de la taille d’une boîte d’allumettes (3,8 cm x 6,4 cm environ), fabriqués par les enfants Brontë, dans lesquels Charlotte et Branwell ont déjà noté dix-huit histoires dès 1829.

2) Puis, à peu près au moment où Charlotte va étudier à Roe Head en 1831, Emily et Anne créent le royaume de Gondal. Les deux sœurs font alors sécession de la «Confédération de la Ville de verre» pour se consacrer à ce nouveau monde imaginaire dirigé par une femme. Anne et Emily poursuivirent les sagas de Gondal jusqu’à l’âge adulte et les fameux poèmes d’Emily Brontë sont intimement liés à ce monde imaginaire.

3) Enfin Angria, qui est la prolongation de Glass Town, est créé et administré par Charlotte et Branwell, à partir de 1834.

 

Poèmes

par Emily, Charlotte et Anne Brontë, 1846

Première édition des poèmes des sœurs Brontë / Manuscrit des poèmes d’Emily © British Library Board
Première édition des poèmes des sœurs Brontë / Manuscrit des poèmes d’Emily © British Library Board

C’est la découverte accidentelle des merveilleux poèmes d’Emily par Charlotte qui les conduisit, elle et ses sœurs, à publier à compte d’auteur un recueil de leurs poésies en 1846. À cause des préjugés de cette époque à l’encontre des auteures femmes – mais aussi en raison de la farouche détermination d’Emily à préserver son anonymat –  toutes les trois utilisèrent des pseudonymes masculins, Emily devenant «Ellis Bell», Charlotte «Currer Bell» et Anne «Acton Bell». Le recueil ne fit que deux ventes, mais quelques critiques encourageantes motivèrent les sœurs Brontë à poursuivre leur travail d’écriture en vue d’être publiées.

 

Jane Eyre

par Charlote Brontë, 1847

«Jane Eyre» (2006) © BBC
«Jane Eyre» (2006) © BBC

L’histoire de Jane Eyre est présentée comme l’autobiographie de l’héroïne, de son enfance jusqu’à l’âge adulte. Le roman débute lorsque la petite Jane, orpheline, vit chez sa tante, Mrs Reed. Elle est élevée comme étant inférieure à ses cousins, qui n’hésitent pas à la maltraiter. À la suite d’une forte rébellion, Jane Eyre, dix ans, est envoyée au pensionnat de Lowood. Malgré des conditions de vie et d’enseignement difficiles au début, Jane passe huit années  à Lowood — six en tant qu’étudiante et deux en tant que professeure.

À 18 ans, Jane est sans beauté, sans argent et sans famille et viens de trouver un emploi en tant que gouvernante à Thornfield Hall, la demeure de Mr. Rochester, un homme riche, indépendant et énigmatique. Ici, elle trouve un peu d’affection auprès de Mrs Fairfax, l’intendante de la maison, de même qu’auprès de sa gentille élève, Adèle. Elle trouve également respect et considération auprès de son étrange employeur, pour qui ses sentiments ne tarderont pas à évoluer. Mais cette vie paisible est troublée par l’existence d’une servante au rire démoniaque, et par le lourd secret que renferme Thornfield Hall…

Jane Eyre est le premier roman publié de Charlotte Brontë, dont le livre précédent, The Professor, avait été refusé par sept éditeurs. Charlotte Brontë amorce la rédaction de Jane Eyre en août 1846 et l’achève un an plus tard. Le livre est accepté par la maison d’édition Smith, Elder and Co. à Londres ; il est publié en octobre 1847 sous le pseudonyme de Currer Bell. Le succès est immédiat, au point de précipiter la parution déjà prévue des romans Les Hauts de Hurlevent et Agnès Grey des sœurs de Charlotte, Emily (Ellis Bell) et Anne (Acton Bell), acceptés par un autre éditeur.

Vous pouvez lire Jane Eyre en ligne ici.

 

Les Hauts de Hurlevent

par Emily Brontë, 1847

© Katherine Roberts - Stargirlphotography 2010
Wuthering Heights © Katherine Roberts, Stargirlphotography 2010

Les Hauts de Hurlevent, l’unique roman d’Emily Brontë, expose un drame familial à l’atmosphère étrange et envoûtante, qui se déroule sur deux générations. L’histoire nous est rapportée par deux narrateurs : Mr. Lockwood et Mrs Dean, une domestique du même âge que les personnages principaux, qu’elle a étroitement côtoyés tout au long de sa vie.

Les Hauts de Hurlevent sont des terres situées au sommet d’une colline du Yorkshire, balayées par les vents du nord. La famille Earnshaw y vivait heureuse, jusqu’à ce qu’en 1771 M. Earnshaw adopte un jeune bohémien de 6 ans, Heathcliff. Dès le début, Hindley, le fils d’Earnshaw, éprouve une profonde haine pour cet intrus, alors que sa sœur, Catherine, développe au contraire une relation totalement fusionnelle avec Heathcliff. À la mort de son vieux bienfaiteur, Heathcliff doit cependant subir la rancœur et la cruauté de Hindley, devenu maître du domaine.

Humilié par la condition subalterne dans laquelle le plonge Hindley, Heathcliff, qui aime passionnément Catherine, jure de se venger. Sa fureur est décuplée lorsque Catherine, au tempérament aussi passionné que le sien, épouse le riche Edgar Linton et ce, malgré son amour profond pour son frère adoptif. Heathcliff jure alors de détruire les deux familles qui l’ont fait souffrir : les Earnshaw et les Linton. Lorsque Catherine meurt en mettant au monde une fille, appelée elle aussi Catherine, Heathcliff, fou de douleur, met en œuvre sa vengeance démoniaque. Mais la jeune Catherine saura affronter la terrible fureur d’Heathcliff…

Les Hauts de Hurlevent, publié sous le pseudonyme Ellis Bell, choque les lecteurs de l’époque, notamment par le manque de respect envers les conventions morales, ainsi que par la noirceur de ses personnages et des situations. Il intrigue cependant la critique qui, si elle n’est pas toujours hostile, n’en reste pas moins décontenancée devant la violence de certaines scènes. La réussite des Hauts de Hurlevent a fréquemment été sous-estimée en raison de l’éclatant succès de Jane Eyre, écrit par Charlotte Brontë, sœur d’Emily, et publié la même année. De nos jours, on est d’avis qu’il s’agit de l’un des plus grands classiques de la littérature du XIXe siècle, et il possède une place non négligeable dans la culture britannique et mondiale.

Vous pouvez lire Les Hauts de Hurlevent en ligne ici.

 

Agnes Grey

par Anne Brontë, 1847

Agnes Grey est le premier des deux romans d’Anne Brontë. Publié en décembre 1847 sous le pseudonyme d’Acton Bell, le roman est fondé sur la propre expérience d’Anne comme gouvernante, et présente certains rapports stylistiques avec les œuvres de Jane Austen. Comme Jane Eyre, de sa sœur Charlotte (publié en octobre 1847), le livre décrit la position précaire des gouvernantes et la façon dont les jeunes femmes exerçant cette profession en sont affectées. Le roman raconte l’histoire d’Agnès Grey, fille de pasteur d’un village du Nord de l’Angleterre. Ses parents ayant subi un revers de fortune, Agnès décide de les aider financièrement en occupant l’un des rares emplois permis aux femmes respectables au début de l’ère victorienne : elle devient gouvernante d’enfants dans des familles riches.

Après avoir idéalisé sa mission d’enseignement, elle est rapidement confrontée à la dure réalité du poste de gouvernante, dès son arrivée chez la famille Bloomfield. Désarmée face à l’indiscipline des enfants dont elle a la garde, et face à l’indifférence cruelle des adultes, elle est renvoyée au bout de quelques mois. Ne désespérant pas de réussir sa «mission», et dans l’obligation de subvenir à ses besoins, Agnès trouve un emploi chez les Murray. Elle s’aperçoit que, dans cette riche bourgeoisie terrienne, l’argent et le statut détruisent les valeurs sociales et morales. Les jours passent, avec leur lot de monotonie et de difficultés, jusqu’à l’arrivée du nouveau pasteur, Mr. Weston…

Vous pouvez lire Agnes Grey en ligne ici.

 

La locataire de Wildfell Hall

par Anne Brontë, 1848

«The Tenant of Wildfell Hall» © BBC (1996)

Le second et dernier roman d’Anne Brontë raconte l’histoire d’une jeune femme qui quitte son mari abusif et débauché et qui doit subvenir elle-même à ses besoins et à ceux de son jeune fils. Le roman défie la morale qui prévaut à l’époque et est considéré comme l’un des premiers romans féministes.

Dans un village, on apprend la rumeur qu’une jeune veuve, Helen Graham, s’est installée dans un château situé à peu de distance des habitations, mais depuis longtemps inhabité ; le châtelain a fait remettre en état quelques pièces pour qu’elle puisse y vivre.

Très vite, la jeune femme se distingue par sa volonté de ne pas vouloir s’intégrer dans la vie du village et à demeurer secrète. Tout le monde émet ses opinions sur elle. Elle paraît inquiète, en particulier pour son petit garçon, Arthur. La réserve extrême de cette veuve, ainsi que son empressement auprès de son fils, prêtent aux médisances des habitants du village, d’autant plus que le châtelain lui rend visite plus régulièrement que ne le demandent les convenances. Mais un jour, Arthur est enlevé… Le passé d’Helen va nous être révélé…

Vous pouvez lire The Tenant of Wildfell Hall (en anglais) en ligne ici.

 

Shirley

par Charlotte Brontë, 1849

Publié après Jane Eyre, Shirley est un tableau de mœurs, surtout du monde de la manufacture en crise sociale où les vicaires anglicans jouent aussi un rôle et sont peints avec ironie et humour.

L’histoire se déroule dans le Yorkshire durant les dernières années des guerres napoléoniennes. Les temps sont durs pour les Anglais, que ce soit pour les industriels ou pour les ouvriers. En plus des conséquences financières de la guerre sur le commerce, les industriels doivent faire face aux émeutes dirigées contre leurs usines. En effet, les ouvriers voient d’un très mauvais œil l’arrivée progressive de nouvelles machineries. C’est dans ce contexte que le roman introduit Robert Moore, un industriel d’origine anversoise, et son frère Louis, un humble précepteur. Caroline Helstone, nièce du pasteur Helstone et cousine de Robert, est secrètement éprise de celui-ci. Mais Robert, avec les ennuis financiers et les émeutes des ouvriers ne songe guère au mariage. Heureusement pour Caroline, arrive en ville la jeune héritière Shirley Keeldar et sa compagne, Mrs Prior.

Emily Brontë aurait servi de modèle à l’héroïne, Shirley Keeldar. Charlotte Brontë a écrit à Mrs Gaskell que Shirley représentait ce qu’Emily serait devenue si elle s’était trouvée dans des conditions de «bonne santé et de prospérité». En fait, à part la relation que Shirley entretient avec son chien Tartar, son caractère énergique et entier, son courage physique et son surnom de «Captain», le personnage ne dit pas grand-chose sur son présumé modèle, si énigmatique. De plus, Ellen Nussey y serait représentée sous les traits de Caroline Helstone.

Shirley est la personnification du féminisme que défend Charlotte Brontë. Son héroïne est vive, indépendante (que ce soit intellectuellement ou financièrement), n’a pas peur de dire sa façon de penser ni d’agir (se faisant appeler Capitaine Keeldar lorsqu’elle prend les choses en main), de rejeter les demandes en mariage que d’autres auraient trouvé avantageuses pour faire un mariage d’amour.

Vous pouvez lire Shirley en ligne ici.

 

Villette

par Charlotte Brontë, 1853

Lucy Snowe
Judy Parfitt in BBC «Villette» 1970

Le quatrième et dernier roman de Charlotte Brontë s’inspire en grande partie du séjour de l’auteur au pensionnat Héger à Bruxelles. Si Charlotte Brontë n’avait pas déjà connu le succès avec «Jane Eyre», ce magnifique roman l’aurait sans contredit rendu célèbre. Il débute sur une visite de Lucy Snowe, alors toute jeune fille, chez sa marraine, Mrs Bretton. Après une ellipse de huit années, on retrouve Lucy Snowe, désormais sans famille et sans amis, devenue la dame de compagnie de Miss Marchmont. À la mort de la vieille dame, la jeune fille, désormais sans ressources, décide subitement de quitter l’Angleterre pour le continent, afin de tenter sa chance. Lucy Snowe «atterrit» alors à Villette (Bruxelles), capitale du grand royaume de Labassecour (Belgique) et est engagée dans un pensionnat pour demoiselles en qualité de gouvernante, puis de professeur d’Anglais.

Commence alors pour Lucy une nouvelle vie, marquée par les manigances incessantes de Mme Beck, la propriétaire du pensionnat, et par les remontrances de M. Paul Emmanuel, l’horripilant professeur de littérature et cousin de Mme Beck. Ce petit bonhomme maigre, surexcité, susceptible, fervent catholique, chauvin, ne cesse de pourrir la vie de Lucy, anglaise et protestante de surcroît. Mais la jeune fille ne se laisse pas faire …

Pour éviter de créer un malaise chez la famille du pensionnat Héger, qu’elle dépeint parfois avec beaucoup d’ironie, Charlotte avait interdit la traduction de Villette en Français à sa parution. Dans les faits, Charlotte fut profondément amoureuse de monsieur Héger (sous les traits de M. Paul Emmanuel dans le roman) qui était l’époux — et non le cousin — de la directrice du pensionnat…

Vous pouvez lire Villette (en anglais) en ligne ici.

 

Le professeur

par Charlotte Brontë, 1857 (publication posthume)

Un jeune homme de noble condition mais pauvre, William Crimsworth, perd l’appui de ses oncles en refusant d’entrer dans l’église car il ne se sent pas la vocation. Il est donc obligé de gagner sa vie pour vivre. Après un essai raté dans l’entreprise de son frère Edouard qui le traite en subalterne et ne cesse de l’humilier, il décide, sur les conseils d’un ami, monsieur Hundsen, de partir en Belgique. Là, il est engagé comme professeur dans un pensionnat de garçons et de jeunes filles. Cependant les intrigues de la charmante directrice, Mademoiselle Zoraïde Reuter, lui fait perdre son double poste. Pourra-t-il retrouver un travail? Pourra-t-il épouser Frances, la femme qu’il aime ? Charlotte Brontë fait appel pour écrire ce roman à sa propre expérience d’enseignante en Angleterre et à Bruxelles où elle est allée perfectionner son français.

Vous pouvez lire Le professeur en ligne ici.

 

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